les noces du Ciel et de la Terre

poème de Vahé Zartarian


 

 

On dirait...
On dirait une femme mais est-ce bien une femme?
Silhouette hiératique,
Elle flotte dans le vent au-dessus d'un parterre de rosée,
Et sculpte l'air en d'amples mouvements.
Baignée de soleil et de sueur,
        inondée de bonheur,
        elle rayonne la vie,
        elle est tout-ce-qui-vit.

On dirait...
On dirait que le vent s'apaise,
         que les eaux se calment.
La Terre retient son souffle;
Les hommes attendent, l'esprit enfin apaisé.
La main s'abaisse en un dernier geste,
Les fleurs saluent l'amie,
L'aigle se pose et suspend son cri,
Les yeux de la belle se ferment.
Silence.

Les yeux s'ouvrent sur un visage reflété par l'onde.
Un visage, et un autre, et d'autres encore qui se bousculent.
Des femmes, des hommes, des enfants,
         des qui crient de douleur,
         des qui hurlent de terreur,
         des qui rient de bonheur,
         des qui pensent, des qui jouent, des qui rêvent.
Morts et vivants,
         toute l'humanité dans sa ronde.
Tout se brouille, se fond,
         s'étire à la démesure de tout-ce-qui-est,
         s'illumine de sens.

On dirait...
On dirait une femme mais ce n'est pas une femme.
En elle tous les hommes toutes les femmes, ses enfants;
En elle, ce que l'humanité fut et sera.
Déesse resplendissante de force, de beauté et de grâce,
Une avec la Terre et l'humanité.

On dirait...
On dirait une présence.
Cela se love dans le cœur,
Cela se vrille dans les entrailles,
Cela fait tressaillir et couler des larmes de bonheur.
Présence familière et pourtant si lointaine.
On dirait...
On dirait une présence qui appelle,
         un appel à l'abandon...

Souviens-toi déesse...
Souviens-toi toutes ces vies,
         pour effacer ce qui n'est pas conscience et joie.
Ne crains pas le vertige,
         plonge,
         et redécouvre l'ivresse de ta vraie nature.
Joue et jouis comme tu as toujours su,
Mais que les hommes ont enfoui sous l'interdit.
Et maintenant vois,
Vois déesse ce qui reste quand tout est oublié:
         pure conscience qui crée.
Merveille et splendeur.

Souviens-toi déesse...
Souviens-toi de tes Rêves,
         ils sont la vraie réalité.
Souviens-toi de ton pouvoir de les manifester,
         sans agir,
         par la seule force de la pensée.
Souviens-toi du secret de la vie,
         pour bientôt le révéler.

Depuis des éons nous attendons.
Tu es, ô déesse de la Terre, mon parent et mon enfant,
Je suis, dieu des étoiles, ton parent et ton enfant.

 

 

illustration d'après Zao Wou Ki: 01.04.66


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